Les urbanistes se prennent beaucoup la tête pour mettre en œuvre leur idéal de villes charmantes,avec des centres-villes peuplés, des espaces publics attractifs, des transports en commun empruntés, de la vie, des familles, des enfants…
Mais on peut se demander si tout cela n’est pas un peu une vue de l’esprit. Parce que ça revient à faire des villes pour des citoyens « modèles », qui habitent en ville, passent leur vie sur l’espace public, font marcher les commerce de proximité, préfèrent prendre le bus plutôt qu’avoir une voiture, ont une consommation réfléchie et recyclent tout ce qu’ils peuvent.
Du citoyen modèle, on est peut être passé à un modèle de citoyen, totalement fantasmé, surtout en ville. Il faut bien le reconnaître, la plupart des citadins sont des connards qui passent leur vie chez-eux, sur leur ordi, à streamer des séries américaine plutôt que de se balader, en mangeant du KFC au lieu de faire vivre le maraîcher ou le primeur du coin. L’idéal de ces « gens », dont nous nous escrimons à leur expliquer qu’ils vivent dans l’erreur, consiste malheureusement à s’acheter une grosse berline qu’ils pourront garer dans un coin de parcelle de leur pavillon périurbain. « Faire bouger les mentalités », ce n’est décidément pas facile quand on est aussi en avance que nous.
Bref, beaucoup de boulot pour rien et il est temps de trouver une solution :
– soit on concède que l’on s’est gouré, on change un peu notre façon de penser la ville, pour davantage se conformer au mode de vie de ceux qui y habitent et la pratiquent, et on renonce à faire leur bonheur malgré eux ;
– soit on reste attaché à notre idéal et on trouve des citadins modèles à mettre dans nos villes (tant pis pour les autres, qu’ils aillent se faire foutre).
Et bien la rédaction de Deux degrés est fière de vous annoncer qu’après réflexion, nous avons trouvé le moyen de prouver, qu’une fois de plus, les urbanistes sont plus malins que tout le monde. Nous avons trouvé le citadin modèle : le Rom.
– Le Rom vit en famille dans de petits logements, si possible en centre-ville : il est gage de densité.
– Comme son logement est petit, ses enfants passent leur vie à jouer dans la rue et sur l’espace public : il est gage d’animation du cadre de vie.
– Il n’a pas toujours de voiture, en tous cas pas pour tous les membres de la famille : il est gage de fréquentation des transports en commun.
– Il récupère et recycle à fond ses déchets et même ceux de ses voisins : il est gage de développement durable.
– Pauvre et étranger (en tous cas, souvent considéré comme tel) on peut lui coller sur le dos toutes nos obligations de mixité.
Petit supplément d’âme, les mamies qui promènent leur caniche pour lui faire faire sa crotte ont peur du Rom et évitent donc de répandre du caca dans les rues où il se trouve : il est gage de propreté de l’espace public (deuxdegres.net est conscient qu’en affirmant que le Roms valent mieux que les caniches, nous nous exposons à de vives critiques de la part de la fondation Brigitte Bardot).
Alors nous, les urbanistes, nous en appelons à tous les Maires soucieux de la qualité de leur environnement urbains. Plutôt que de virer les Roms, faites-en venir en venir un maximum dans votre ville. Ils ont la réputation d’être mobiles alors attirez-les, car ce sont les personnes les plus dignes de vivre dans les villes que l’on vous fabrique (et que l’on a forcément raison de faire puisque nous voulons le bonheur de l’humanité).