« Retour Allons enfants de la patrie …

Chez deux degrés on a profité du confinement pour ouvrir les livres d’urbanisme que l’on n’a jamais le temps de lire et pour se poser des questions sur l’avenir. La lecture de la ville des enfants de Francesco Tonucci a été particulièrement stimulant et comme on est d’accord avec lui, on vous raconte ce qu’on a en tête.

Pour penser l’avenir, il y a une piste de travail qui nous semble essentielle : les enfants. Tout de suite on se sent « utopistes », mais pour nous c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux :

  • inclure les enfants dans les projets de territoire c’est travailler AVEC les générations futures (et pas faire semblant de travailler « pour » elles mais sans leur demander leurs avis)
  • concevoir une ville avec les enfants, c’est concevoir une ville qui réponde aux attentes de tous : proximité, espaces publics, marche à pied, vélo, nature, animation, etc.
  • les enfants pensent à eux, mais aussi à leurs parents, à leurs grands-parents, à la nature, etc. Ils ont une approche très pratique mais aussi très enthousiaste et positive des territoires et de l’espace public. En ces temps d’hyper proximité, cette vision est essentielle : il ne s’agit pas forcément de tout refaire, mais aussi de proposer de nouvelles choses sur les lieux existants
  • la culture doit être un relais de l’action des enfants, il faut les faire travailler sous des formes ludiques qui peuvent ensuite devenir des supports à l’action culturelle et toucher le grand public : des ateliers de dessins deviendront une exposition, des ateliers de récit territorial permettront de créer les contes de la ville de demain, des spectacles pourront être organisés, etc.

Sur plusieurs de nos projets; nous avons d’ores et déjà eu l’occasion de travailler avec les enfants, mais pour répondre aux enjeux de demain, nous pensons qu’il faut aller plus loin. N’ayons pas peur de prendre les enfants au sérieux. Arrêtons de considérer l’enfant comme un détail, ou pire un facteur de risque (pour les espaces publics, les aires de jeux, les équipements, etc.). Au contraire, prenons en compte tout ce que les enfants peuvent apporter (une ville ludique, agréable, pratique, etc.). Leurs remarques sont plein de bon sens, ils sont généreux.

Les enfants créent des usages spontanés passionnants. A Bordeaux, le parking-relais vide de Galin s’est transformé en aire de jeux géant (le dessin de Mathieu compense ses photos où on ne voit rien) :

Le parking-relais Galin transformé en aire de jeux pendant le confinement
La photo du parking-relais pendant le confinement (les flèches prouvent qu’il y a des gens sur la photo de Mathieu)

Jusqu’ici, les actions menées en France sont trop timides : des conseils municipaux des enfants qui sont surtout des cours d’éducation civique, ou alors de temps en temps des journées sans voiture et/ou des rues dédiées aux enfants. On reste sur des initiatives temporaires et ponctuelles là où il nous semble essentiel d’associer les plus jeunes de manière suivi et continue.

Chez deux degrés on s’interroge depuis pas mal de temps sur la concertation. Peut-être qu’une des solutions c’est justement le travail avec les enfants. Nous proposons de :

  • créer des conseils des enfants : un organe indépendant à l’échelle d’un territoire, qui puisse associer des jeunes de CM1 / CM2,
  • donner un réel pouvoir d’action et de proposition à ces conseils pour enfants : ils pourront être consultés par les élus, mais ils auront aussi un droit de regard sur tous les projets en cours, et bien entendu la possibilité de s’auto-saisir sur ce qui leur semble important,
  • dédier un budget spécifique au conseil des enfants : pour qu’ils puissent mettre en œuvre des actions rapides et concrètes : une sorte de budget participatif confié aux enfants. Ils proposent des actions et elles sont mises en œuvre par les services de la collectivité,
  • prévoir un accompagnement du conseil des enfants par un tiers extérieur (comme nous par exemple 🙂 ) qui soit garant de l’organisation des débats, de l’animation et surtout de la bonne prise en compte et du suivi des propositions faites par les enfants.

Il nous semble qu’en se donnant les moyens de lancer de telles initiatives, nous aurions des propositions bien plus audacieuses que lors de toutes les réunions de concertations habituelles. Plus d’envie, plus de générosité, moins de compromis et d’intérêts particuliers. Et surtout donner une vision de ce que pourrait être le territoire de demain ! Les nouveaux mandats municipaux vont bientôt commencer : c’est le moment d’être audacieux !

Et puis réaliser des projets d’enfants, ça promet de mettre un peu de fun dans l’espace public ! > https://creapills.com/things-i-have-drawn-papa-dessin-fils-realite-20191206

Pierre-Marie