« Retour Des visons

loutre

Si vous êtes urbaniste, paysagiste, et/ou que vous avez raté votre vie, vous avez forcément croisé un vison d’Europe au détour d’un DOCOB ou d’une ZNIEFF, en tout cas sur le papier. Nous vous proposons d’apprendre à mieux le connaître, grâce à notre spécialiste de l’environnement qui vit reclus dans les bois depuis de trop nombreuses années.

 

Un vison d’Europe, c’est trop mignon. Y en a marre des gens qui font des écharpes et des manteaux avec. Y’a plus de visons sur les dos de mamies quand dans la nature. Le vison d’Europe est tellement menacé qu’il s’hybride avec des putois. Il peut même, selon de nombreux spécialistes des Mustelidae, produire des hybrides fertiles, ou encore développer des interactions homosexuelles faute de femelles. Il faut réagir !

Certes, ils ne sont plus chassés. Mais le vrai problème, c’est les liens de cet animal avec l’aménagement du territoire. Les dispositifs de protection existent et peuvent être très performants. Sauf lorsqu’il s’agit de gros projets d’infrastructure. Dès lors, même une zone Natura 2000 ne pourra pas permettre qu’il continue à gambader le long des corridors écologiques, à chasser les grenouilles et à jouer à cache-cache avec les loutres.

Ce que l’on appelle les « points noirs », dans le cadre des projets d’infrastructure, ce sont les lieux où l’on recense le plus d’animaux écrasés. Il faut donc mettre en place des passages à faune pour les visons d’Europe sous les voies ferrées ou les autoroutes, afin de réduire les risques de collision. Cela coûte cher, mais les visons d’Europe sont sauvés et c’est bien.

Mais ce qui est vraiment énervant, c’est qu’une fois que le vision d’Europe est sauvé des dangers de la route, il se fait tuer par des renards ou martyriser par le vison d’Amérique qui lui vole son habitat naturel. Ce dernier prolifère, du fait de ses caractères robuste et massif. Bref, il est Américain. Le vison d’Europe est tout frêle et pas très dégourdi. Alors que la logique Darwiniste voudrait que les derniers visons d’Europe finissent sur une route pour fuir leurs concurrents, des mesures pour revigorer ces petites bêtes s’imposent aux yeux des pouvoirs publics et des associations de défense de l’environnement. Pour rentrer dans une démarche de sauvetage global du vison d’Europe, il faut tuer tous les prédateurs de ce petit animal. Que nos efforts pour que ce petit Mustelidae ne soit pas écrasé par un train ne soient pas complètement foutus à cause d’une loutre qui le mange après lui avoir tendu un piège dans un passage à faune. C’est à ce titre que toute une série de personnes, sans doute créationnistes pour certaines, ou nostalgiques pour d’autres, considèrent que le vison d’Amérique doit être exterminé.

Le magazine Spirou n°1121 du 8 octobre 1959 exprime très bien cette haine envers ces homologues bouffeurs de hamburgers. « Le vison [d’Amérique] est originaire du Canada mais il s’acclimate fort bien dans nos régions. On imagine mal un plus vilain caractère que celui de cette petite créature. Pour un rien, ça vous enfonce ses dents acérées en pleine chair. »

Pour conclure, le magazine ajoute que « leur fin tragique ne doit pas nous donner de vains remords. Mis à mort sans souffrance par l’un ou l’autre procédé comme l’électrocution ou le chloroforme, les vilains visons feront de magnifiques capes-manteaux ou de somptueuses étoles, et ce sera fort bien ainsi. »

Afin de préserver la vie de l’espèce européenne, des pièges adaptés pour les visons d’Amérique pourront être disposés aux abords des passages à faune aménagés par l’homme. Un passage qui laisse passer le vison d’Amérique directement sur une route extrêmement dangereuse. Le vison d’Amérique sera alors tenté de traverser les infrastructures et une partie du problème sera réglée.

Magnifique nature. Magnifique éclairage de notre spécialiste de l’environnement.

Amis écologistes et amoureux de la nature, nous sentons poindre un dilemme. Soit on sauve le vison d’Europe en niquant tous les visons d’Amérique, et le moyen le plus approprié sera de relancer la mode de la fourrure. Soit on renonce à la fourrure, le vison d’Europe disparaît et arrêtez de nous faire chier avec votre Directive Habitat.

En conclusion, nous nous permettons d’aborder une problématique plus urbaine. Quelles sont les chances de survie de nos vieilles personnes qui se trouvent aujourd’hui dans l’impossibilité de se réchauffer grâce à de beaux manteaux en vison. La protection de la nature doit elle se faire aux dépens de la santé de nos aînés. Faudra t-il créer en ville des passages à faune destinés aux seniors privés de fourrure et se trouvant sous la menace permanente de la froideur de nos villes ?

une espèce bientôt menacée en ville ?